Tout d’abord, je dois vous faire des excuses pour cette présentation particulière, sans image. En effet, un bug de mon système d’édition de texte WordPress m’empêche de pouvoir les intégrer, comme je le fais habituellement. J’ai donc dû regrouper toutes les photos dans une galerie accessible ici Si vous avez des connaissances expertes en WP, je suis ouvert aux conseils. En attendant, j’espère que la lecture de cet article vous donnera matière à voyager.

Maintenant que ma formation de plongeur Open Water est terminée, j’ai décidé de réserver plusieurs plongées avec le même centre, le Rangiroa Diving Center. Arnaud, le propriétaire et Moana, un apprenti moniteur, qui ont été mes formateurs, auxquels s’ajoute Jean-Louis qui m’accompagne en mer depuis mon accréditation, sont tous des gars très sympas. La confiance en plongée est importante, bien sûr. La sécurité est primordiale. Mais sans feeling avec les autres, une palanquée ne serait pas agréable. J’ai donc choisi de continuer avec le même club pour me lancer dans la prise de vue avec bouteille. Voilà donc que désormais, je plonge, dans une des passes les plus réputées du monde, avec mon appareil photo sous-marin.

Rien de sert de palmer…

Le choix du site de plongée à Rangiroa semble être assez évident. Vu mon niveau, “la marche” à quarante-sept mètres, où circulent des requins marteau est inaccessible. Pour espérer voir des animaux, je peux donc allez vers l’éolienne, côté océan. Je peux alors m’éloigner vers le grand bleu et surplomber le vide de quatre-mille mètres sous moi, sans aucune appréhension puisque je flotte entre deux eaux. Je peux aussi m’approcher du récif et y regarder la vie qui s’y agite.

Les dauphins ne se collent pas vraiment au récif. Ces maitres des lieux préfèrent nettement aller se risquer avec les vagues de la passe. Mais comme ils se doivent d’être au courant de tout ce qui se trame dans leur lieu de vie, ils viennent voir qui s’y aventure. C’est donc dans le grand bleu, pas forcement très profond, entre dix et quinze mètres, que l’on peut espérer les approcher. Enfin, espérer qu’ils nous approchent serait plus exact. N’allez pas imaginer qu’il puisse être possible de rejoindre un dauphin qui n’en a pas envie. Même lorsqu’ils dorment, toujours à moitié car ils ne coupent qu’un seul hémisphère de leur cerveau à la fois, un simple coup de queue les fait partir au loin.

Alors mes journées, cette semaine, ont toutes été calquées sur le même modèle. En fonction de l’heure des marrées, le club Rangiroa Diving Center me donne un rendez-vous de plongée. Sept heures trente, neuf heures trente ou quatorze heures. Il faut venir trente minutes avant, afin de préparer son matériel. C’est à dire la bouteille et tout le nécessaire de plongée. Comme j’ai trouvé une maison du coté village, éloigné d’environ huit kilomètres, je quitte mon foyer une bonne heure avant de plonger, afin de rejoindre à vélo, le club. Quand je plonge le matin, j’ai un vent de face qui vient de l’océan et contre lequel je dois lutter en changeant de braquet. Assez vite, je me retrouve sur une bande où la route côtoie l’océan. J’adore cette partie. Je ne peux m’empêcher de regarder les vagues se fracasser contre la côte. Selon l’humeur et la force du vent, le son caractéristique accompagne ces rouleaux pour en prouver, s’il en était besoin, la puissance. Quand je plonge l’après-midi, je dois faire avec la chaleur plus mordante du soleil, mais le paysage n’en est pas moins beau. Et quand il pleut des torrents, Arnaud passe me chercher avec le pick-up du club.

Avant le départ en mer, j’assiste au brief habituel, qui précise le programme prévu. Puis, c’est la courte procession à pieds jusqu’au quai d’embarquement. Le transfert du matériel dans le Zodiac et le départ vers la passe suivent ce plan quotidien. C’est toujours l’éolienne qui est ma destination. Sur le chemin, il arrive que notre embarcation dépose des plongeurs d’une autre palanquée sur un site différent. C’est généralement des plongeurs plus expérimentés qui descendent à des profondeurs qui me sont interdites.

En arrivant à proximité de l’éolienne, j’enfile mes palmes et ma ceinture de plomb. On m’aide ensuite à passer mon gilet et ma bouteille et je vérifie le bon fonctionnement du détendeur. Là, arrive le moment le plus glamour de la plongée: cracher dans son masque pour y badigeonner sa salive! Il parait que c’est la meilleur méthode contre la buée. Ça marche plus ou moins bien, selon le jour. Le chef de plongée demande ensuite si tout le monde est OK et il compte jusqu’à trois. Alors nous basculons tous en arrière pour le grand plouf!

Généralement le groupe se réuni et entame sa descente immédiatement. Moi, j’ai toujours une étape supplémentaire qui retarde tout le monde: récupérer mon appareil photo! Je n’ai pas encore trouvé (ni véritablement cherché) le moyen d’entrer dans l’eau avec. C’est donc le capitaine qui me le passe après le plouf. L’appareil dans une main, je vide de l’autre mon gilet de l’air qui me garde en surface. Je vide aussi mes poumons dont l’air me fait flotter. Et la descente commence…

Le grand  bleu.

Il n’y a pas d’hésitation à l’affirmer, l’immensité du bleu sous moi est assez fabuleuse. On ne voit finalement pas grand chose en dessous. Juste un dégradé qui plonge vers du noir mystérieux. Au-dessus, les jours de beau temps, les rayons du soleil et les mouvements de l’eau dessinent des artefacts lumineux. Les jours de pluie on peut distinguer les gouttes frapper lourdement la surface et lorsqu’un nuage plus épais passe, l’ambiance tourne à l’obscurité ou presque.

Selon le programme défini, le groupe reste a attendre la venue éventuelle des dauphins. C’est là que l’on a le plus de chances de les croiser. Moi je surveille ma profondeur sur mon ordinateur et, en même temps, je déploie les bras de mes flashes. Il est arrivé une fois que les dauphins profitent de ces entrefaites pour passer juste à côté. Dans l’urgence, j’ai envoyé un premier éclair. Complètement surexposé! Un deuxième après réglage. Trop sombre! Un troisième, plus juste, mais le dauphin était déjà loin. Assez rageant, oui.

Mais je ne râle pas. C’est déjà une énorme chance de pouvoir les côtoyer. Etre proche de ces animaux a quelque chose d’envoutant. On sent leur puissance calme. Il ne faut pas s’y tromper, ce sont des animaux qui ont la vie dure. Les marques qu’ils portent presque tous, le montrent. Mais quand ils passent devant nos yeux, ils glissent littéralement sans qu’on voit le moindre mouvement de nageoire. Croiser leur regard est génial. Je n’ai pas encore eu le plaisir de jouer avec eux. Il arrive qu’ils en aient envie. Alors j’attends que ça les prenne. Le chef de palanquée a déjà eu le plaisir de les toucher devant moi. Deux fois. Je ne sais pas pourquoi le dauphin s’était approché de lui plutôt qu’un autre. Ils le reconnaissent peut-être, à force?

Avec Jean-Louis, le moniteur du centre qui m’accompagnait cette semaine, j’ai pu aller faire le canyon de la passe. Il y en a en fait deux, des canyons. Le courant y est assez fort. On ne s’y rend que lorsque le sens du courant est vers le lagon, bien, sûr. Il faudrait être inconscient pour s’y risquer les fois où ça sort vers l’océan. J’avais eu l’occasion de me laisser emporter dans la passe vers l’intérieur. C’est super fun. On dirait des montagnes russes sans chariot et avec un décor qui coupe le souffle. Une fois, donc, j’ai souhaité rester accroché dans le canyon, car les poissons y sont nombreux. Un câble qui alimente le motu voisin en électricité s’y trouve et je l’ai utilisé pour m’y tenir. Le courant (marin, je veux dire) est fort et les sensations aussi. Mais il y a tant de vie que ça vaut le coup d’être un peu secoué. Je pense me souvenir longtemps de ce moment assez spécial, un câble coincé entre les jambes, le courant qui m’agite contre la paroi minérale et des centaines de poissons qui tournicotent autour de moi…

Niveau technique photo, je dois avouer que c’est assez compliqué. Mes repères restent encore à trouver sous l’eau. La lumière se comporte différemment et je dois aussi passer le cap de ma compréhension de la plongée en scaphandre autonome. Quoi qu’il en soit, si je m’interroge beaucoup quand aux résultats obtenus, j’arrive, petit à petit, à avancer. Il est évident qu’il faut commettre beaucoup d’erreurs avant de comprendre. De ce point de vue, on peut dire que je m’applique à la tache, vu le nombre d’images qui vont dans ma corbeille numérique… Mais, quand même, après seulement dix plongées à bouteille, je suis assez heureux de ce que j’ai vu et des images que j’en retire. Attention, je n’ai pas dit que j’étais totalement satisfait – je le suis rarement d’ailleurs(je veux dire, pour mes photos, bien sûr) – mais je sens tout le potentiel qui est à portée de clic et je trouve ça assez motivant pour me donner envie de retourner sous l’eau au plus vite!

En fin de semaine, le club Rangiroa Diving Center a fermé pour cause de Salon du Tourisme à Tahiti. J’ai été plonger trois fois avec un autre club. Le Yaka Club. Avec eux, j’ai eu l’occasion de descendre jusqu’aux environ de trente mètres. Ils m’ont validé PE30, car ils m’ont senti à l’aise. J’ai surtout eu la chance d’une plongée où des dauphins se sont approchés vraiment près. Je raconte ce moment sur ma page Facebook. Les dauphins de Rangiroa sont assez extraordinaires pour ça. Ils viennent toujours voir qui est de passage dans leur domaine. On fini même par en reconnaître certains. Cela m’a permis de faire une pirouette avec trois d’entre-eux durant quelques secondes de pied total!

Fakarava, passe sud.

Durant la semaine qui vient, je vais en profiter pour faire un saut sur un autre atoll des Tuamotu. L’atoll de Fakarava est, lui aussi, réputé pour ses plongées fabuleuses. La passe sud est connue pour abriter des centaines de requins gris. Ces poissons se réunissent en nombre et restent sur place à tourner en rond. Dans la passe, on est dans leur univers. Et moi je vais aller plonger dans cet endroit, au milieu d’eux. Je vous raconterai ce que je verrai… Enfin… Je l’espère!