C’est après un long voyage de 24h, raconté ici, que je me suis retrouvé à Huahine pour ma première journée de photographie sous-marine. Je dis, journée, mais j’exagère beaucoup car, en vérité, je suis resté environ deux heures dans l’eau. La plage, où j’avais décidé de me rendre, abrite le Jardin de Corail, dont le nom évoque toute la beauté de la vie sous-marine qui s’y trouve. Même la balade de six kilomètres, depuis ma chambre, contribuait à mon enchantement. C’est à vélo, mon matériel de plongée (palme/tuba/masque) et photographique (appareil/caisson/flashes/bras articulés/câbles optiques/Gopro) rangés dans deux sacs, mon maillot de bain, une serviette et une gourde, que je suis parti vers ce lieu historique où j’allais vivre ma toute première fois en mer, avec un appareil photo.

Ne rien oublier.

Je dois reconnaître que j’avais un peu d’appréhension et de tension en arrivant sur la plage. On m’avait indiqué le lieux où se trouvent des Patates de Corail entourées de poissons. Sur ce site, on y accède à quelques mètres du rivage où elles s’étendent sur une bonne distance. Il y a matière à faire!

J’ai sorti tout mon matériel en prenant soin de ne rien heurté et en le maintenant hors du sable, posé sur ma serviette. J’ai assemblé les éléments; appareil dans le caisson, bras monté et flashes en place. Puis, avec mes palmes et mon masque, je me suis retrouvé, assez maladroitement, à nager pour m’éloigner du bord. Plonger un appareil photo dans la mer est un acte inhabituel qui m’inquiétait. Pourtant, tout est fait pour ça et le joint d’étanchéité fait son travail. C’est donc à moi de faire confiance.

J’ai allumé le Sony RX100VA, vérifié ses réglages (pour le début, j’avais choisi la position P, pour une exposition automatique) et j’ai voulu faire un déclenchement des flashes. Là, je me suis rendu compte que j’avais oublié d’installer les câbles de fibre optique, restés sur la rive. J’ai gagné une sortie de l’eau, avec tout ce que cela a d’incommode avec mon matériel, et une règle que désormais je m’attacherai à suivre: tester un déclenchement à sec AVANT d’entrer dans l’eau!

Les Patates grouillent de poissons qui s’activent perpétuellement dans un ballet coloré. Je fais face à l’une d’elles et commence à essayer d’imaginer une stratégie d’approche. Je repère des poissons clown à bandes. Des Chirurgiens multiples. Des Baliste-Picasso. Des concombres de mer. Des Anémones colorées. Des Bénitiers repérables lorsqu’ils s’ouvrent. Et toute une faune inconnue pour moi. J’ai tous envie de les photographier. Mais ils ne semblent pas du tout d’accords avec le concept. A peine je fais mine de venir, ils disparaissent tous d’un coup et la parcelle magnifiquement peuplée l’instant d’avant, devient un désert sans vie.

Et puis j’ai un autre souci: chacun de mes gestes soulève des particules de sable qui viennent brouiller la scène pendant de nombreuses secondes. De plus, tous mes efforts pour rester statique, immobile pour faire un cadrage, semblent vains. Le fluide marin me déplace à son gré. Je choisis le plus logique: prendre chaque problème l’un après l’autre.

Déjà faire quelques images pour m’assurer de la qualité de la lumière. Je constate alors que les réglages des flashes ne donnent pas du tout la lumière escomptée. J’oublie la prise de vue P, automatique, et passe en mode M, manuelle. Je teste différents couples vitesse/diaphragme. Je bouge mes flashes pour en diriger le flux. Le retour écran me sert à vérifier si je suis sur la bonne voie. La lumière sous l’eau se comporte différemment. Le fluide filtre les rayons du soleil en les ralentissant et en les diffractant. Le rouge est bloqué très vite et donne un aspect bleu/cyan aux images. C’est la position et la puissances des flashes, qui produisent une lumière supposée blanche, qui permettront d’obtenir des couleurs plus flatteuses. Les retouches sur Lightroom y contribueront aussi, mais cela sera pour plus tard, au “bureau/terrasse”. A force d’essais, je trouve une configuration qui semble fonctionner.

Pour ce qui concerne le cadrage, j’ai beau invoquer les dieux poissons pour qu’ils n’aident, rien ne semble vouloir convaincre les habitants du corail de me faire confiance. Il me faut plus de patience! Je me mets en position devant une jolie anémone de mer qui abrite une colonie de poisson-clown. Ceux-ci disparaissent immédiatement, sans surprise. Et j’attends. Longtemps. A me faire douter de ma technique. Finalement, ils commencent à refaire voir leur bout de tête. Je sens leur méfiance et au moindre de mes mouvements, ils détalent. Mais, bon an, mal an, j’arrive à obtenir quelques images.

Je constate que le roulis est un réel souci. Il m’empêche de conserver une position un tant soit peu stable dans l’eau. Dès que je tente de plonger, l’air dans mes poumons me tire vers le haut. Je vais réfléchir à un moyen pour me “fixer” au sol. Une ancre? Cela pourrait être une bonne idée, si j’en avais une. Et puis je verrais bien comment gérer ma respiration par la suite.

Il faut maintenant retourner vers ma chambre. La première séance prend fin. Tout s’est bien passé et je perçois concrètement désormais l’ampleur de la tache.

Pour éviter que le sel sèche sur l’appareil et ne le détériore, je me suis trouvé une boite étanche, que je remplis d’eau de mer, et je transporte le tout en attendant d’avoir de l’eau douce. Après une plongée, Patrice, mon vendeur de matériel, m’a indiqué qu’il fallait le plonger 30mn pour dessalage. Il faudra encore attendre un peu pour visualiser et travailler mes images sur l’ordi…

Je vous donne rendez-vous bientôt.

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